Tiens ! le cochon ! il est toujours là, lui ! je le croyais mort… pourquoi ça ? je ne sais pas… Ah ! mais comme je suis fatigué ! qu’ai-je donc fait ? ah !
Mon cœur ne bat plus, je ne le sens pas, il me semble que je suis comme les cailloux ; j’ai beau vraiment chercher quelque chose dans ma pensée, c’est comme en un vieux puits vide, abandonné, qui a des ronces sur ses bords, et au fond une grande tache noire.
Je n’ai souvenir de quoi que ce soit. Est-ce que jamais je ne bougerai de là ? Qu’est-ce donc que l’on entend par l’âme ? en ai-je une ?… après tout, qu’est-ce que cela me fait ?… Eh bien, si, j’en ai…, ah !
Cependant je n’ai pas toujours vécu ainsi… autrefois… que je me rappelle… essayons de nous relever, allons ! un bon coup de reins ! ouf !
D’où viens-je ? où vais-je ? où ai-je été ? comment suis-je ici ? pourquoi donc mes mains sont-elles molles et mes genoux brisés ? Et je tremble en dedans de moi, comme la feuille du peuplier qui ne se repose jamais. Quand je chercherais, que j’essaierais, que je me fatiguerais, puisque je ne peux pas ! puisque c’est plus fort que ma force ! je ne comprends rien à tout cela, moi !
Je ferais mieux de dormir… mais c’est que je n’ai pas sommeil… N’importe ! recouchons-nous !
Quand je resterai toujours là, comme un lézard, à regarder le même point, ça ne fera pousser ni une rave ni une grenade. Depuis le temps que j’y suis, les paupières m’en cuisent. Faisons un somme.