mon âme est toute l’âme ! immortalité, étendue, infini, j’ai tout cela, je suis cela ! je me sens Substance ! je suis Pensée !
Et je n’ai plus peur ; non, je comprends, je vois, je respire dans une plénitude… comme je suis calme !
C’est dans cet infini que se meuvent les choses, l’universalité s’englobe dans l’idée. Quand tu entendais tantôt la musique des sphères, ce n’étaient pas les sphères qui tournaient, mais en toi que se passait cette harmonie que tu croyais entendre ; quand tu t’épouvantais de la hauteur de l’abîme, c’était toi qui faisais l’abîme par l’illusion de ton intelligence, qui admettait des distances dans l’étendue et créait des degrés dans ce qui n’a pas de mesure ; ces clartés où tu te dilatais tout joyeux, c’était toi qui les voyais. Qui te dit qu’elles sont ?
Qui te dit qu’elles sont ? As-tu pu acquérir la connaissance, autre chose que ta connaissance ? pour atteindre à la vérité, autre chose que ton idée de ce qui est vrai ? peux-tu voir ton œil autrement qu’avec ton œil ? et s’il se trompe ? si ton âme pose tout et que cette âme soit mensonge, où est la certitude de ce qui est posé ? Que seras-tu ? Qu’y aura-t-il ? Pendant le sommeil de la vie, l’homme, comme un Dieu engourdi, sent confusément qu’il rêve et qu’il se réveillera plus tard ; mais si jamais ne venait le réveil ? si tout cela n’était que dérision infinie, qu’il n’y eût que néant ? ah ! tu ne conçois pas que le néant puisse