est-ce par besoin ou par devoir ? Je sais bien que je le dois, que ce serait un crime si je ne le faisais, et pourtant… Assez ! assez ! assez ! plus de ces réflexions ! à genoux !
Donnons d’abord à la mère du sauveur les prémices de la veillée.
La voilà celle qui a porté dans ses flancs le Sauveur du monde. Tressaillais-tu en sentant le Dieu qui grandissait se nourrir de ta vie ? Quand tu le berçais sur tes genoux et qu’il se suspendait à ta mamelle, ses vagissements joyeux te disaient-ils quelque chose des mélodies séraphiques qu’il avait quittées pour toi, pour ton sourire ?
Salut, Marie, pleine de grâce !
Oh ! que je t’aime !
L’esprit incréé seul pouvait naître de toi. Est-ce lui qui, en passant, a laissé sur ton front ce doux reflet d’étoiles ?
Tu as la tendresse des mères avec quelque chose de plus encore.
Que n’ai-je pu, dans la poussière de la route, suivre ton long voile bleu flottant, quand, au pas cadencé de l’âne voyageur, il se levait comme un dais derrière toi et disparaissait sous les platanes ! Salut, Marie, pleine de grâce, salut !
Cette figure ! Je la connais pourtant ! J’ai compté un à un tous les coups de pinceau qui la colorent, j’ai suivi pendant des heures tous les contours qui la dessinent, et c’est pourtant comme si jamais je ne l’avais vue ; je voudrais qu’elle fût plus grande !
Bien haute, n’est-ce pas ? en relief pour qu’on la puisse bien toucher, la saisir ? Une statue vivante avec des vêtements ? des vêtements qui tombent bas et qui font frais lorsqu’elle marche ?