Quand l’ombre de la croix aura atteint cette pierre, j’allumerai la lampe et je commencerai mes oraisons.
Le ciel est rouge, le gypaète tournoie, les palmiers frissonnent ; sur la crotte de porc voilà les scarabées qui se traînent ; l’ibis a fermé son bec pointu et la cigogne blanche, au sommet des obélisques, commence à s’endormir la tête passée sous son aile ; la lune va se lever.
Demain le soleil reviendra, puis il se couchera, et toujours ainsi ! toujours !
Moi, je me réveillerai, je prierai, j’achèverai ces corbeilles que je donne à des pasteurs chaque mois pour qu’ils m’apportent du pain ; ce pain, je le mangerai ; l’eau qui est dans cette cruche, je la boirai ; ensuite je prierai, je jeûnerai, je recommencerai mes prières, et toujours ainsi ! toujours !
Oh ! Mon dieu ! Les fleuves s’ennuient-ils à laisser couler leurs ondes ? La mer se fatigue-t-elle à battre ses rivages ? Et les arbres, quand ils se tordent dans les grands vents, n’ont-ils pas des envies de partir avec les oiseaux qui rasent leurs sommets ?
Encore la largeur de deux sandales, et ce sera le moment de la prière. Il le faut !…
Mais pourquoi, dès que j’ai quitté le travail, ne commencerais-je pas mes exercices ?
Puisque je suis libre cependant, pourquoi ne ferais-je pas un peu ce que je veux ? Ne convient-il pas d’établir un intervalle entre les occupations manuelles et les spirituelles ? Et d’autant qu’en travaillant je suis toujours occupé de quelque sainte pensée, je peux bien me reposer une minute et donner à mon corps un peu de soulagement dont j’ai tant besoin.
Vraiment cet animal est fort joli. Mais je n’ai rien pour toi, pauvre mignonne !… c’est drôle ! On dirait qu’elle va parler… non, elle s’éloigne, la voilà qui se dandine sur ses pattes… ah ! Elle s’arrête… tiens ! Elle s’endort… je suis bien fatigué, ce soir, mon cilice me gêne. Comme il est lourd !
Cela fait bien de ne rien faire du tout.
Quelle vie que la mienne ! Les jours sont longs pour celui qui