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V

Gonnor entre appuyé d’un bras sur sa fille et de l’autre sur son confident Harpax ; on voit dans ses fiers yeux une larme qui brille, à peine s’il peut marcher,

… et ses débiles mains
Ne pourraient soutenir les combats inhumains.

Il contemple avec tristesse et amertume les trophées des Calédoniens, ces trophées qu’il a ravis, ces trophées… — Il parle de sa valeur passée, de son bras…

Et il voit se lever autour de ses murailles
Ses aïeux réveillés au sein des funérailles.

Il est bien souffrant encore, pourtant un peu d’air lui fait du bien. — Il vient interroger

Le célèbre Jenner sur le présent danger,

et savoir combien de temps il lui reste, car il ne craint pas la mort, lui ! la mort ! lui qui tant de fois… — Hermance sort par discrétion pour les laisser seuls.
VI

Jenner le rassure : Consolez-vous, bientôt ça ira mieux, dans quelques jours vous mangerez, on vous permettra un œuf à la coque, vous reprendrez vos habitudes,

Et votre fille encore pourra chaque matin
Mêler discrètement de sa main si jolie
Au lait de vos troupeaux la plante d’Arabie.

VII

Hermance revient avec Ismène. — Aparté de Jenner qui soupire : non, jamais il n’osera. — Il est brûlé, il est glacé.

Hermance et Ismène reconduisent

… en ses appartements
Le guerrier malheureux qui se traîne à pas lents.

VIII

Elfrid arrive haletant, l’épée nue, insulte Jenner et le provoque,