D’où vient que vous tremblez et pâlissez encore ?
Le suc délicieux exprimé du roseau,
Qui fond en un moment dans le cristal de l’eau
Et qu’on mêle au parfum du fruit des Hespérides,
Peut-il porter le baume à vos lèvres arides ?
Ô dieux ! un feu secret me déchire les flancs !
Ne puis-je, pour calmer ces désordres brûlants,
Rafraîchir d’une main complaisante et timide
Vos entrailles en feu, sous la rosée humide ?
Et pousser, à l’écart, doucement ajusté
Le tube tortueux d’où jaillit la santé ?
Ô souffrance ! ô douleur ! ô cruelle torture !
Que de maux je subis ! quels supplices j’endure !
De mon sein haletant le souffle est suspendu
Et la peste fermente en mon sang corrompu ;
Sur mes mains, sur mes bras, jusque sur mon visage,
Le mal en traits de feu signale son passage.
Si de mes vêtements je détachais le fer
On frémirait à voir ce tableau de l’enfer :
Les flammes de l’Etna, les neiges d’Hyrcanie,
Alternant leurs fureurs se disputent ma vie.
Je frémis… je chancelle… et tombe sous le faix…
Et l’avide Achéron…
Malheureux ! Je l’aimais !