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complètement son sac de nuit et y introduit les restes du dîner, un jambon, deux bouteilles de vin et un bocal de prunes à l’eau-de-vie.

Le Père, la Mère et Cassandre rentrent, l’heure du départ est arrivée, on entend la cloche du bateau. — La Mère donne les bottes, que Pierrot passe ; — le Père donne l’argent que Pierrot met dans sa poche ; — et Cassandre donne le portrait que Pierrot baise. — Puis on se fait les adieux, grande scène hydraulique. — Des domestiques prennent les paquets. (Pendant toute cette scène, on en a vu d’autres qui ont passé au fond, portant des sacs, ballots, caisses, etc.). — Pierrot saisit son sac délicatement ; — les deux vieillards enlèvent la malle, chacun par un bout.


ACTE II.

Le désert. La scène est complètement vide, pas un arbre, rien. Le fond représente un ciel tout rouge.

Scène première.

Pierrot paraît, monté sur un chameau, ayant en croupe Colombine et devant lui le bocal de prunes à l’eau-de-vie. Il fait plusieurs tours de théâtre. — Le chameau s’arrête.

Pierrot alternativement embrasse Colombine et prend une prune. — Quelquefois il prend deux prunes sans embrasser Colombine, et celle-ci le tire alors par son habit pour qu’il lui donne un baiser. — À la fin cependant il trouve que les prunes valent mieux, il mange sans discontinuer et n’embrasse plus. — Vaines réclamations de Colombine.


Scène II.

On entend un bruit ; — effroi de Pierrot, qui cache le bocal dans sa poitrine ; — Colombine se tapit contre son dos. — Des cavaliers arabes, avec des lances gigantesques et de très longs arcs, des carquois à l’épaule, et des anneaux dans le nez, arrivent en caracolant sur des chevaux de carton, de toutes couleurs (chevaux terminés par des draperies, et dans lesquels le cavalier entre jusqu’à la ceinture). — Le chameau, à leur aspect, est tellement effrayé qu’il se sépare en deux ; — les jambes de devant s’enfuient d’un côté et les jambes de derrière d’un autre. — Par ce mouvement, Pierrot et Colombine tombent net par terre, et