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une pile de livres, et la Mère de Pierrot chargée d’un poids pareil. — Joie générale. — Pierrot vient de remporter des prix au collège, les parents pleurent de satisfaction et embrassent leur enfant. — Le Maître de pension (grand col, lunettes bleues, chapeau bas de forme, habit en queue de morue, gants de coton et parapluie rouge) est félicité, congratulé, remercié ; — il témoigne de la modestie et fait des révérences. — On apporte la soupe.


Scène III.

Entrent Cassandre et Colombine. — Colombine est la fiancée de Pierrot, mais il ne doit l’épouser qu’après ses voyages, complément nécessaire d’une bonne éducation. — On se met à table.

Tristesse de la mère, mélancolie de Colombine, regards ardents de Pierrot. — Le Père de Pierrot lui fait des recommandations d’éviter les excès de la boisson et des femmes ; — il doit surtout se tenir en garde contre elles, afin de conserver sa santé, pour n’en être que plus dispos ensuite à devenir le mari de Colombine. — Pierrot écoute avec une feinte obéissance. — Le Maître de pension, le repas fini, embrasse son élève ; — après mille bénédictions et encouragements, il s’en va.


Scène IV.

Alors la Mère de Pierrot lui montre, dans les paquets de voyage et dans la malle, tout ce qu’elle y a mis ; — elle exhibe des tricots, des bonnets de coton, des caleçons, des bouts de manches, des caoutchoucs, un petit pot de chambre en cuir bouilli, un clysopompe, etc., etc. — Pierrot remarque qu’il lui manque des bottes fourrées, en faisant signe d’avoir froid aux pieds. — Il indique aussi qu’on a oublié de lui donner de l’argent, et qu’il désirerait fort, pour le soutenir dans son voyage, le portrait de Colombine. — Le Père, la Mère et le futur beau-père sortent, l’une pour lui acheter des bottes, l’autre pour aller quérir de l’argent, et le troisième enfin pour rapporter le portrait de Colombine.


Scène V.

Libres et seuls, Pierrot et Colombine épanchent leur tendre amour. — Pierrot est très enflammé, Colombine très triste, ne vont-ils pas se quitter ? — Il y aurait un moyen cependant, ce serait de fuir ensemble, mais comment ? — Réflexions et perplexité de Pierrot. — Enfin, d’un bond rapide, il s’élance vers la malle, la vide avec fureur et jette tout par la fenêtre. — Puis, sans donner à Colombine le temps de réfléchir, il l’y pousse elle-même tout entière et ferme la malle. — Après quoi il vide