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— Oui, là, là.

Et ils se caressaient tendrement, avec cette espèce de grognement sentimental qui est de rigueur dans ces cas-là.

— Pour me prouver que vous ne m’en voulez pas, il faut faire comme si je n’avais rien dit.

— Non pas.

— Si fait, autrement je croirai que tu me gardes rancune.

— Je veux céder à mon tour, je resterai.

— C’est à toi de commander, je veux que tu sortes.

— Ce n’est pas pressé.

— N’importe !

— Je t’en prie !

— Non, pour te faire plaisir, je reste, je reste.

— C’est moi qui dois te faire plaisir, va-t’en, va-t’en !

— Non, je ne bouge pas.

— Allons, tiens, voilà ton chapeau.

— Pourquoi tant te contraindre et m’engager à te quitter ?

— Ne m’écoute pas, va, prends ta canne.

— Non.

— Si.

— Prends donc.

Et la querelle allait peut-être recommencer, quand Catherine entra :

M. Mendès vous prie, monsieur, de ne pas oublier d’aller chercher le médecin, il souffre beaucoup ; le pauvre homme est pâle comme le drap de son lit, quelquefois il grince des dents, alors M. Alvarès lui dit quelques mots et M. Mendès aussitôt lui répond avec l’air en colère, en répétant la puta ! la puta !

— Ah ! la puta ! fit le père Renaud étonné, la puta ! il a le délire sans doute.

— Je vais lui répondre que monsieur y va ? demanda Catherine.