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smarh.

Il y avait donc du repos alors… Est-ce que le chaos était bon ?

satan.

C’était l’autre éternité, une éternité qui dort et sans rien qu’elle broie.

smarh.

Et pas un cri sur tant de surface ? pas une torture dans toutes ces entrailles ?

satan.

Non, la terre et la mer étaient de plomb et semblaient mêlées l’une à l’autre, comme de la salive sur de la poussière.

smarh.

Et quand la création apparut, la terre fut retirée, et l’Océan refoulé dans ses fureurs ; depuis, il s’y roule toujours.

satan.

Un jour cependant il en sortit.

smarh.

Au déluge, on me l’a dit, quand tous les hommes furent maudits et que la corruption eut gagné tous les cœurs.

satan.

Alors les fleuves versaient leurs eaux dans les campagnes ; leur lit, ce fut les plaines ; la mer tira d’elle-même des océans entiers, elle monta d’abord plus haut que de coutume, elle gagna les cités et entra dans les palais, elle battit le pied des trônes et en enleva le velours. Le trône croyait qu’elle s’arrêterait là, et elle monta plus haut, elle gagna les déserts et vint aux pyramides ; les pyramides croyaient qu’elle mour-