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N’ayant pas été renseigné en temps opportun sur leur existence, nous plaçons à la fin du second volume des Œuvres inédites ces quelques essais qui, chronologiquement, appartiennent, sauf le dernier, au tome I.

CHRONIQUE NORMANDE
DU
DIXIÈME SIÈCLE.[1]

Connaissez-vous la Normandie, cette vieille terre classique du moyen âge, où chaque champ a eu sa bataille, chaque pierre garde son nom et chaque débris un souvenir ? Vous figurez-vous Rouen, la métropole, au temps des assauts, des guerres, des famines, au temps où les preux venaient se battre sous ses murs, où les chevaux faisaient étinceler le pavé des quais, tout chauds encore du sang des Anglais ?

Ce jour-là, je veux dire le 28 août de l’an 952, toutes les cloches y étaient en branle ; les habitants, parés de leurs vêtements de fête, se montraient partout, sur les toits, aux lucarnes, aux fenêtres, dans les rues ; tout le peuple se pressait sur la route de Paris en criant de joie et en jetant des fleurs.

Le roi arriva à la porte Beauvoisine à huit heures du soir, on l’attendait depuis le matin. Dès qu’il parut, ce furent des trépignements, des bravos, des cris de joie, des hurlements d’enthousiasme, et l’on vit même

  1. Mai 1836.