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nappe, chasse les chiens, souffle ce feu, allume la chandelle, ferme cette porte, taille ces soupes, envoie ces pauvres, baille-leur ce qu’ils demandent ; tiens ma robe, que je me mette en pourpoint pour mieux festoyer les commères. » Puis il ajoute : « Ma femme est morte, je ne la ressusciterai pas par mes pleurs, il faut mieux pleurer moins et boire davantage. »

Pantagruel, dans son enfance, humait chaque jour le lait de 4, 600 vaches ; on lui donnait sa bouillie dans un poeslon auquel furent occupés tous les pesliers de Saulmur en Anjou, Villedieu en Normandie, Bramont en Lorraine ; il le brisa avec ses dents et mangea du cuivre.

Il part à Paris, lit tous Les livres de l’abbaye de Saint-Victor, devient docteur ; il prononce des jugements, se lie d’amitié avec Panurge, lequel « estait malfaisant, pipeur, buveur, batteur de pavé, ribleur s’il en estait à Paris ». Au demeurant le meilleur fils du monde.

« Et toujours machinait quelque chose contre les sergents et contre le guet ». Il obtient des pardons, marie les vieilles femmes, guérit les vaches ; il aime les grandes dames et fait le haut seigneur ; il accompagne Pantagruel et lui dit mille choses inconnues, il triomphe pour lui sur un clerc d’Angleterre venu exprès de son pays pour arguer. Panurge va à la guerre contre les Dipsodes ; après la victoire on lui accorde un évêché, mais il s’y conduit en laïque, mange son bled en herbe, puis il veut se remarier, mais il a peur. Il se conseille à Pantagruel, il interprète les songes, les vers de Virgile, va consulter la Sibylle de Panzout, puis un poète nommé Raminagrobis, se consulte à tous ceux qui l’entourent, ses amis, les passants, tout le monde ; il rencontre frère Jean des Entommeures qui l’en détourne, il demande des avis à Hippotadée, théologien, à Rondibilis, médecin, à un philosophe platonicien, à un philosophe pyrrhonien, il finit par