cœur est une fange qui nous monte à la gorge et nous étouffe. Quand la mort viendra-t-elle nous endormir pour toujours, loin des festins, des tièdes embrassements, de tout ce qui se vend et qu’on achète ?
J’arrive.
Sois la bienvenue parmi nous, comme une nuit sereine et éternelle après un ciel brumeux.
Les morts dansaient tous d’un pas égal, animé ; le pape, les rois, les mendiants, amour, haine, laideur, tout cela allait en rond et se perdait dans un tourbillon sans limites ; les uns cherchaient vainement leurs couronnes, d’autres leurs mitres d’or, tout ce qu’ils aimèrent, perdu comme eux, néant comme eux.
Le poète était seul, accouvi sur son corps chétif, portant souvent les mains à sa tête jaune, comme s’il eût voulu en arracher des lambeaux de chair avec des pensées.
— Oh ! poésie, fille de Dieu, viens à moi ! Mais qu’as-tu besoin d’un mot pour parler ? Tu respires dans la nature, tu pleures dans l’homme, tu chantes dans l’amour.
Viens, car je ne ferai plus des vers, cela est trop petit.
Je me perdrai dans la course errante du monde.
Je m’égarerai dans de vaporeuses et mystiques rêveries.
Comme le matelot, je m’abandonnerai au vaste océan du désespoir et j’appellerai comme lui une mort lente à venir.
J’ai pris l’âme, j’ai effeuillé fleur a fleur tout le parfum qu’on y respire ; il ne me reste plus qu’à pleurer