Et ils remuent d’abord doucement, comme un enfant qui sort de ses rêves et s’éveille en souriant. Eux aussi se lèvent a demi, mais, graves et froids, ils défont lentement leur linceul et dressent leur tête de squelette que réchauffe mollement ce vent de la nuit tiède et parfumé.
Pourquoi se réveillent-ils donc ? qui les a appelés ? leur sommeil était si profond ! Rien là dedans, sous la terre ; seulement parfois les vers leur montent jusqu’à la poitrine et ils se retournent.
Mais c’est Satan et ils le connaissent tous, tous. Oh ! oui, sa grimaçante figure leur est apparue à leur chevet, effrayés ils ont fermé les yeux et se sont donnés à lui ; et maintenant il les appelle, car, voluptueux empereur, assis sur un tombeau, il aime à voir ses sultanes danser quand la mort, ce joyeux ménétrier, accompagne de son rebec leurs pas saccadés.
CHŒUR DES JEUNES FILLES.
Ah ! qu’il fait chaud dans ce lit-là ! on y étouffe, le sommeil est lourd et pesant.
Depuis quand dormons-nous ? il y a longtemps, n’est-ce pas ? car je sens mes membres qui se sont usés sur les planches.
Où sont les fleurs qui entouraient notre couche, quand nous nous sommes endormies ? car il me semble qu’on chantait et qu’on jetait des fleurs.
Où est mon oiseau qui roucoulait sous les branches du verger ? où est le lac qui résonnait si bien, au clair de lune, des sons de la guitare qui allaient mourir au loin sur la surface plane des eaux argentées ?
Où est le beau soleil qui faisait en se couchant des cercles jaunes, rouges et bleus, dans les coins du jar-