Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, I.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
LOYS XI.

Loys

Vous ! oh ! vous venez comme le Christ dans les moments les plus pénibles.

Le saint homme

Je viens, mon fils, pour vous embrasser avant la mort. Le moment est venu, sire, j’avais déjà appris que le drap du trône s’usait et s’envolait en haillons au souffle de Dieu.

Loys

Écoutez, mon père, je vous ai fait venir de Calabre et mes lèvres royales ont embrassé la poussière de vos pieds ; je vous ai fait bâtir des chapelles et tout cela était justice, car vous êtes grand dans le Seigneur, et vous m’aimez.

Le saint homme

L’homme juste chérit ses frères.

Loys

Et vous allez me délivrer de la mort, n’est-ce pas ?

Le saint homme

Dieu seul le peut, mon fils.

Louis

Mais votre sainteté ! mon père, vous qui parlez aux anges !… Ah ! la vie ! accordez-moi la vie !

Le saint homme

Pensez à votre âme, mon fils.

Louis

Est-ce que vous auriez autant de cruauté que les autres ? Pas de pitié ! Et j’ai tout employé, prières, jeûnes, mortifications ; j’ai créé des ordres, bâti des