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LOYS XI.

verner, je n’en augure rien de bon, et nous pourrions bien tous deux suivre le chemin de notre maître.

Olivier

Pour moi, je ne crains rien.

Tristan

Vous avez tort, monsieur le barbier, votre rasoir a si bien écorché les nobles qu’ils vous renverront peut-être.

Olivier

Bien pour toi, un manant de ta sorte, mais moi ? un comte ?

Tristan

Ma hache est plus noble que votre blason tout neuf, messire, et, si vilain que je sois, on a plus besoin d’un bon bourreau que d’un mauvais barbier.

Olivier

Les services que j’ai rendus à l’État…

Tristan

Ne sont pas aussi nombreux que les miens.

Olivier

Mais ils sont moins odieux que les tiens.

Tristan

Vous vous trompez, les vôtres étaient humiliants, les miens cruels. Tout homme d’honneur aimait mieux passer par mes mains que de serrer les vôtres et de vous saluer comme son maître ; je faisais tomber les têtes, et vous, vous les abaissiez. Elles se relèveront, messire, rouges de colère et de vengeance.