chevet, n’as-tu pas dans le cœur quelque chose qui te tourmente et te ronge, des remords ?
Jamais !
Jamais tu ne penses à ton frère, à la femme qui l’a tué ? Écoute, et si tu ne frémis pas, c’est que tu as l’âme dure comme le bois de tes gibets. Un jour, tu m’as fait venir ici, tu m’as montré des lettres mensongères, et tu commençais à me parler d’amour, de royauté et de chimères, quand tout s’est brisé là, et il a fallu partir. Un homme s’est attaché à mes pas, ce devait être un démon, un des tiens… et puis enfin la jalousie sombre, et puis l’ambition et l’amour que tu m’avais montré !…
L’amour chez moi, Alice ? l’amour dans mon cœur de fer ? je riais en te parlant, et lorsque tu vins te jeter dans mes bras, tu entrais là dans la cage du tigre.
On me donna du poison et je l’empoisonnai ! Infâme que j’étais ! Il mourut, et quand je me relevai du coup qui nous avait frappés tous deux et qui l’avait tué, c’était au printemps suivant, et les ronces entouraient déjà son tombeau.
Encore une fois, Alice, je ne te connais pas ; va-t’en, va-t’en, bohémienne d’enfer !
Et puis je devins folle, je quittai le pays, je courus par la France, désespérée ; et puis, tu vois, mes cheveux ont blanchi, on me méprise, on me hait ; les autres femmes, même les plus perdues, ont horreur