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Marie

Oui, le malheur nous a poursuivis toujours.

Le duc

Ma vie n’a été que calamités et périls et cependant on m’accuse ; on dit que je suis arrogant, plein de méchanceté et d’orgueil. Les malheurs que j’ai soufferts, les combats que j’ai livrés auraient rempli l’existence de toute une race royale.

Marie

Mais la gloire aussi, mon père !

Le duc

Je sens qu’elle se ternit avec les armes, à force de servir.

Marie

Vous pouvez la relever. Du courage, oh ! je vous en prie. Nancy, Nancy ce soir peut-être est à vous ; et Louis XI, pensez à lui.

Le duc, avec colère.

Ah Louis XI ! Louis XI !… Eh bien, oui, je vais donner le signal, les trompettes vont retentir et les armures s’entrechoquer, se briser avec fracas, car c’est un dernier combat, un duel à mort, une lutte acharnée ; nous nous battrons en champ clos, la France nous regarde et l’Europe battra des mains. (On entend des fanfares.) Qu’est ceci ? une sortie des assiégés ? Une ambassade, une entrevue, peut-être ?

Un soldat, entrant.

Robert de la Mark, comte des Ardennes, demande audience pleine et entière à Charles de Valois, duc de Bourgogne.