saute sur moi et je sens le froid de l’acier qui avance dans ma poitrine… C’est que je manquerais donc tout !… Et puis mourir ! la mort ! je n’y avais jamais pensé, cela doit être terrible… un Dieu, ou Satan… mais cela doit être creux et plein de ténèbres.
Rien ne désaltère comme de boire. Vive la boisson ! vive la folie ! vive la gaieté ! Je brave tous les conquérants de la terre, depuis Attila et papa Charlemagne jusqu’à mon fils le duc de Bourgogne ; ils ne pourraient m’enlever ni ma verrue tant elle est clouée à mon nez, ni ma bouteille parce que, fût-elle grande comme le tonneau de l’électeur, je l’aurais vidée en une seconde. Vive la bombance et la paillardise !
J’aurais dû écouter les conseils du vidame d’Amiens. Était-il inspiré ? car pour moi aucun pressentiment ne m’a averti ; j’aurais dû dire à Dammartin de s’avancer jusqu’à Liège. Mais prévoyais-je tout cela ? Le passé n’est plus, mais le présent ? et l’avenir ?… Que lui dirai-je quand il va me menacer, l’épée nue ? Irai-je lui proposer des provinces ? mais il me prendra tout mon royaume ; si je lui offre ma couronne, il arracherait ma tête… Oui, je lui promettrai de l’or, des richesses, je signerai des traités ; et puis, point de trésors et je brûlerai les conventions. Mais suis-je maître de tout cela ? que faire ? que devenir ? Quel enfer que la vie !
faisant sonner ses grelots et donnant des coups de poing à ses vessies.
Corps-Dieu ! je suis en joyeuse humeur aujourd’hui, et si j’étais Jupiter, je voudrais ôter mon pourpoint et… m’entourer de nuages pour faire des fredaines. Par les tetons de toutes les filles ! quand j’ai bien bu, bien mangé et que j’ai le palais chaud, j’aime autant