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LOYS XI.

saute sur moi et je sens le froid de l’acier qui avance dans ma poitrine… C’est que je manquerais donc tout !… Et puis mourir ! la mort ! je n’y avais jamais pensé, cela doit être terrible… un Dieu, ou Satan… mais cela doit être creux et plein de ténèbres.

Le fou, après avoir bu.

Rien ne désaltère comme de boire. Vive la boisson ! vive la folie ! vive la gaieté ! Je brave tous les conquérants de la terre, depuis Attila et papa Charlemagne jusqu’à mon fils le duc de Bourgogne ; ils ne pourraient m’enlever ni ma verrue tant elle est clouée à mon nez, ni ma bouteille parce que, fût-elle grande comme le tonneau de l’électeur, je l’aurais vidée en une seconde. Vive la bombance et la paillardise !

Louis XI

J’aurais dû écouter les conseils du vidame d’Amiens. Était-il inspiré ? car pour moi aucun pressentiment ne m’a averti ; j’aurais dû dire à Dammartin de s’avancer jusqu’à Liège. Mais prévoyais-je tout cela ? Le passé n’est plus, mais le présent ? et l’avenir ?… Que lui dirai-je quand il va me menacer, l’épée nue ? Irai-je lui proposer des provinces ? mais il me prendra tout mon royaume ; si je lui offre ma couronne, il arracherait ma tête… Oui, je lui promettrai de l’or, des richesses, je signerai des traités ; et puis, point de trésors et je brûlerai les conventions. Mais suis-je maître de tout cela ? que faire ? que devenir ? Quel enfer que la vie !

Le fou,
faisant sonner ses grelots et donnant des coups de poing à ses vessies.

Corps-Dieu ! je suis en joyeuse humeur aujourd’hui, et si j’étais Jupiter, je voudrais ôter mon pourpoint et… m’entourer de nuages pour faire des fredaines. Par les tetons de toutes les filles ! quand j’ai bien bu, bien mangé et que j’ai le palais chaud, j’aime autant