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temps un cri guttural et il souriait entre ses dents.

Qu’avait-il de mieux à désirer ? une femme devant lui, des fleurs à ses pieds, un jour rose qui l’éclairait, le bruit d’une volière pour musique et quelque pâle rayon de soleil pour l’éclairer !

Il cessa bientôt son exercice, courut sur Adèle, lui enfonça ses griffes dans la chair et l’attira vers lui, il lui ôta sa chemise.

En se voyant toute nue dans la glace, entre les bras de Djalioh, elle poussa un cri d’horreur et pria Dieu ; elle voulait appeler au secours, mais impossible d’articuler une seule parole.

Djalioh en la voyant ainsi, nue et les cheveux épars sur ses épaules, s’arrêta immobile de stupeur, comme le premier homme qui vit une femme ; il la respecta pendant quelque temps, lui arracha ses cheveux blonds, les mit dans sa bouche, les mordit, les baisa, puis il se roula par terre sur les fleurs, entre les coussins, sur les vêtements d’Adéle, content, fou, ivre d’amour.

Adèle pleurait, une trace de sang coulait sur ses seins d’albâtre.

Enfin sa féroce brutalité ne connut plus de bornes, il sauta sur elle d’un bond, écarta ses deux mains, l’étendit par terre et l’y roula échevelée. Souvent il poussait des cris féroces et étendait les deux bras, stupide et immobile, puis il râlait de volupté comme un homme qui se…

Tout à coup il sentit sous lui les convulsions d’Adèle, ses muscles se raidirent comme le fer, elle poussa un cri et un soupir plaintifs qui furent étouffés par des baisers. Puis il la sentit froide, ses yeux se fermèrent, elle se roula sur elle-même et sa bouche s’ouvrit.

Quand il l’eut bien longtemps sentie immobile et glacée, il se leva, la retourna sur tous les sens, embrassa ses pieds, ses mains, sa bouche, et courut en