si haut pour descendre si bas, il aimait quelque chose de tombé aussi ; lui, qui était désillusionné, il voulait des ruines, il avait trouvé le néant dans l’éternité, il voulait la destruction dans le temps. Il était seul au milieu des hommes ! il voulut s’en écarter tout à fait et vivre au moins de cette vie qui pouvait ressembler à ce qu’il rêvait, à ce qu’il aurait dû être.
IV
Le duc Arthur était assis dans un large fauteuil en maroquin noir, le coude appuyé sur sa table, la tête dans ses mains. La chambre qu’il habitait était grande et spacieuse, son plafond noirci par la fumée du charbon ; quant aux lambris, ils étaient cachés par une immense quantité de pots de terre, d’alambics, de vases, d’équerres et d’instruments rangés sur des tablettes.
Dans un coin était le fourneau, avec le creuset pour les magiques opérations ; puis, çà et là, sur des cendres encore chaudes, quelques livres entr’ouverts, dont quelques feuillets étaient arrachés à moitié et qui semblaient avoir été touchés par une main fiévreuse et brûlante, parcourus avec un regard avide et qui n’y avait rien lu.
Aucune lumière n’éclairait l’appartement, et quelques charbons qui se mouraient dans le fourneau jetaient seuls quelque lueur au plafond en décrivant un cercle lumineux et vacillant.
l’alchimiste restait depuis longtemps dans son immobile position ; enfin il se leva, alla vers son creuset et le considéra quelque temps. La lueur rougeâtre des charbons illumina tout à coup son visage en le colorant d’un éclat fantastique. C’était bien là un de ces fronts pâles d’alchimistes d’enfer, ses yeux creux et