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charte est intervenue dans cette lutte pour proclamer et consommer une victoire. Je n’ai rien à rétracter, je ne rétracte rien des conséquences que ce grand fait m’a paru contenir.

Mais, que contient la charte elle-même ? En consacrant le passé, a-t-elle proscrit quelqu’un dans l’avenir ? En assurant la liberté du culte aux protestans, l’a-t-elle retirée aux catholiques ? A-t-elle, comme cela c’est vu en Angleterre, interdit certains droits à certaines classes de citoyens, au moment où elle les confirmait pour d’autres ? En garantissant les ventes de biens nationaux, a-t-elle prononcé des confiscations nouvelles ? Elle a aboli toute confiscation. C’est le caractère et l’honneur de la charte qu’en accomplissant, d’une part, la victoire, elle fonde, de l’autre, l’égalité, c’est-à-dire, la justice, pour les vaincus comme pour les vainqueurs. Séparez-vous du passé ; prenez la charte comme le point de départ d’une société nouvelle, qui aura à s’en plaindre ? Qui viendra se dire maltraité, opprimé, exclu ? De même que la restauration n’a été l’œuvre de personne, de même la charte s’est offerte et s’offre sans cesse à tous. Elle, n’est point la fille de la force, mais celle de la sagesse qui, démêlant tout ce que la révolution a eu de légitime et d’irrévocable,