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L’indifférence demande au moins le repos ; une agitation à laquelle elle ne s’intéresse pas la gêne et lui pèse. Elle est fatiguée des anxiétés et des précautions continuelles de ce pouvoir dont elle cherche à se séparer. Elle arrive bientôt à se résigner sans effort aux dangers qui le menacent, aux coups qu’on pourra lui porter. Peut-être sera-t-elle ainsi délivrée de ce trouble importun que lui causent les débats de cette destinée étrangère.

Je n’examine pas ce qu’il y a d’erreur ou de tort dans une telle disposition, ni jusqu’à quel point les citoyens, toujours inévitablement enveloppés dans le sort de leur pays, se trompent et se nuisent à eux-mêmes en s’isolant de la sphère où il se décide. Je ne veux que décrire les symptômes de l’indifférence, et ses effets dans les relations de la société avec le pouvoir.

Il n’y a là certainement ni rébellion ni complot. Cependant on aperçoit déjà comment, dans des temps orageux, le gouvernement pourra s’y tromper et voir, dans l’indifférence seule, sinon de la complicité, du moins une malveillance coupable. Le pouvoir qui ne se sent pas sûr est dans un état d’érétisme presque continuel ; la moindre atteinte, le moindre péril excitent toutes ses passions avec