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J’ai désigné les indifférens, les mécontens, les interprètes habituels des mécontens, les ennemis.

Comment procèdent ces dispositions ? quels sont leurs effets et leurs caractères extérieurs dans les divers degrés de leur développement ?

La politique s’inquiète trop peu de l’indifférence. Je ne connais pas de disposition plus significative et plus alarmante. Le mécontentement, l’hostilité sont de tous les pays et de tous les temps. Quelle époque n’en a offert aucune trace ? quel gouvernement n’a eu à les redouter quelque part ? Leur présence n’atteste point, d’une manière générale, la mauvaise conduite du pouvoir, le mauvais état de la société. Mais l’indifférence est un symptôme beaucoup plus grave ; quand elle existe, elle est nécessairement une disposition commune et étendue ; car, n’ayant rien d’actif, c’est seulement par un certain degré de généralité qu’elle peut se manifester. Elle prouve alors que la société et le pouvoir ne vivent point ensemble ; que le même sang ne circule pas dans leurs veines ; que le même principe, le même intérêt ne les poussent point dans une même route où ils se rencontrent à chaque pas, se reconnaissent et s’unissent en chaque occasion.

Quoi de plus fatal au pouvoir que l’isolement où