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la société le principe théocratique, à s’emparer du pouvoir temporel, à dominer exclusivement. Et quand elle ne réussissait pas à s’emparer de la domination, à faire prévaloir le principe théocratique, elle s’alliait avec les princes temporels, et, pour le partager, soutenait leur pouvoir absolu, aux dépens de la liberté des sujets.

Tels étaient, Messieurs, les principaux éléments de civilisation qu’au cinquième siècle l’Europe tenait soit de l’Église, soit de l’Empire. C’est dans cet état que les Barbares ont trouvé le monde romain, et sont venus en prendre possession. Pour bien connaître tous les éléments qui se sont réunis et mêlés dans le berceau de notre civilisation, il ne nous reste donc plus à étudier que les Barbares.

Quand je parle des Barbares, vous comprenez sans peine, Messieurs qu’il ne s’agit pas ici de leur histoire, que nous n’avons point à raconter ; nous savons qu’à cette époque les conquérants de l’Empire étaient presque tous de la même race, tous Germains, sauf quelques tribus Slaves ; par exemple, celles des Alains. Nous savons, de plus, qu’ils étaient tous à peu près au même état de civilisation. Quelque différence pouvait bien exister entre eux, selon le plus ou le moins de contact que les différentes tribus avaient eu avec le monde romain. Ainsi, nul doute que la nation des Goths ne fût plus avancée, n’eût des mœurs un peu plus douces que celles des Francs. Mais à considérer les choses sous un point de vue général et dans leurs résultats quant à nous, cette diversité dans l’état de civilisation des peuples barbares, à leur origine, est de nulle importance.