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une société générale, une patrie générale, était évidente. Les villes se renfermèrent chacune dans ses murs, dans ses affaires, et l’Empire tomba parce que personne ne voulait être de l’Empire, parce que les citoyens ne voulaient plus être que de leur cité. Ainsi, nous retrouvons, à la chute de l’Empire romain, le même fait que nous avons reconnu dans le berceau de Rome, la prédominance du régime et de l’esprit municipal. Le monde romain est revenu à son premier état ; des villes l’avaient formé ; il se dissout ; des villes restent.

Le régime municipal, voilà ce qu’a légué à l’Europe moderne l’ancienne civilisation romaine ; très irrégulier, très affaibli, très inférieur sans doute à ce qu’il avait été dans les premiers temps ; cependant seul réel, seul constitué encore, ayant seul survécu à tous les éléments du monde romain.

Quand je dis seul, je me trompe. Un autre fait, une autre idée survécut également ; c’est l’idée de l’Empire, le nom de l’Empereur, l’idée de la Majesté

    cinq livres d’or, et de trois livres pour les membres des curies et les autres dignitaires [On appelait curiae les corps municipaux des villes romaines, et curiales les membres de ces corps qui étaient très nombreux].
    « Nous croyons, par cette mesure, accorder de grands avantages et une grande faveur aux habitants de nos provinces. Nous avons aussi la certitude d’ajouter à l’ornement de la ville d’Arles, à la fidélité de laquelle nous devons beaucoup, selon notre frère et patrice [Constantin, second mari de Placidie, qu’Honorius avait pris pour collègue en 421].
    « Donné le XV des calendes de mai, reçu à Arles le X des calendes de juin. »