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l’honneur de vous dire, je vous prie de me les faire connaître par écrit. À la fin de chaque leçon, ceux qui désireront recevoir à ce sujet quelque réponse n’auront qu’à rester ; je leur donnerai volontiers toutes les explications qui seront en mon pouvoir.

Je crains encore un autre inconvénient, et par la même cause ; c’est la nécessité d’affirmer quelquefois sans prouver. C’est aussi l’effet de l’étroit espace où je me trouve renfermé. Il y aura des idées, des assertions dont la confirmation ne pourra venir que plus tard. Vous serez donc quelquefois obligés, je vous en demande pardon, de me croire sur parole. Je rencontre à l’instant même l’occasion de vous imposer cette épreuve.

J’ai essayé, dans la précédente leçon, d’expliquer le fait de la civilisation en général, sans parler d’aucune civilisation particulière, sans tenir compte des circonstances de temps et de lieu, en considérant le fait en lui-même et sous un point de vue purement philosophique. J’aborde aujourd’hui l’histoire de la civilisation européenne ; mais avant d’entrer dans le récit proprement dit, je voudrais vous faire connaître d’une manière générale la physionomie particulière de cette civilisation. Je voudrais la caractériser devant vous assez clairement pour qu’elle vous apparût bien distincte de toutes les autres civilisations qui se sont développées dans le monde. Je vais l’essayer ; mais je ne pourrai guère qu’affirmer ; ou bien il faudra que je réussisse à peindre la société européenne avec tant de fidélité, que vous la reconnaissiez sur-le-champ et comme un portrait. Je n’ose m’en flatter.

Quand on regarde aux civilisations qui ont pré-