Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publique sur la France dans tous les monuments de la littérature européenne.

On pourrait montrer beaucoup d’autres États où le bien-être est plus grand, croît plus rapidement, est mieux réparti entre les individus qu’ailleurs, et où cependant, dans l’instinct spontané, dans le bon sens général des hommes, la civilisation est jugée inférieure à celle d’autres pays moins bien partagés sous le rapport purement social.

Qu’est-ce à dire ? qu’ont donc ces pays qui leur donne, au nom de civilisés, ce droit privilégié ? qui compense si largement, dans l’opinion des hommes, ce qui leur manque d’ailleurs ?

Un autre développement que celui de la vie sociale s’y est manifesté avec éclat : le développement de la vie individuelle, de la vie intérieure, le développement de l’homme lui-même, de ses facultés, de ses sentiments, de ses idées. Si la société y est plus imparfaite qu’ailleurs, l’humanité y apparaît avec plus de grandeur et de puissance. Il reste beaucoup de conquêtes sociales à faire ; mais d’immenses conquêtes intellectuelles et morales sont accomplies ; beaucoup de biens et de droits manquent à beaucoup d’hommes ; mais beaucoup de grands hommes vivent et brillent aux yeux du monde. Les lettres, les sciences, les arts déploient tout leur éclat. Partout où le genre humain voit resplendir ces grandes images, ces images glorifiées de la nature humaine, partout où il voit créer ce trésor de jouissances sublimes, il reconnaît et nomme la civilisation.

Deux faits sont donc compris dans ce grand fait ; il subsiste à deux conditions, et se révèle à deux