prétendant à devenir la monarchie universelle, et la liberté civile et religieuse, l’indépendance des États, sous le commandement du prince d’Orange, de Guillaume III. Vous avez vu que le grand fait de l’Europe, à cette époque, c’est le partage des puissances sous ces deux bannières. Mais ce fait, Messieurs, on ne s’en rendait point compte alors comme je l’explique aujourd’hui ; il était caché, ignoré, même de ceux qui l’accomplissaient ; le système de la monarchie pure réprimé, la liberté civile et religieuse consacrée, tel devait être au fond le résultat de la résistance de la Hollande et de ses alliés à Louis XIV ; mais la question n’était pas ainsi ouvertement posée entre le pouvoir absolu et la liberté. On a beaucoup dit que la propagation du pouvoir absolu avait été le principe dominant de la diplomatie de Louis XIV ; je ne le crois pas. Cette considération n’a joué un grand rôle dans sa politique que tard, dans sa vieillesse. La puissance de la France, sa prépondérance en Europe, l’abaissement des puissances rivales, en un mot, l’intérêt politique de l’État, la force de l’État, c’est là le but auquel Louis XIV a constamment tendu, soit qu’il ait lutté contre l’Espagne, l’empereur d’Allemagne, ou l’Angleterre ; il a beaucoup moins agi en vue de la propagation du pouvoir absolu que par un désir de puissance et d’agrandissement de la France et de son gouvernement. Parmi beaucoup de preuves, en voici une qui émane de Louis XIV lui-même. On trouve dans ses Mémoires, à l’année 1666, s’il m’en souvient bien, une note conçue à peu près en ces termes :
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