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ou sur toute autre matière, il est rare qu’on y trouve la grande raison des choses, la raison fondamentale. En toutes choses, et notamment dans les sciences politiques, la doctrine pure, la philosophie, la science proprement dite, ont beaucoup plus prospéré sur le continent qu’en Angleterre ; leurs élans du moins ont été beaucoup plus puissants et hardis. Et l’on ne peut douter que le caractère différent du développement de la civilisation dans les deux pays n’ait grandement contribué à ce résultat.

Du reste, quoi qu’on puisse penser des inconvénients ou des avantages qu’a entraînés cette différence, elle est un fait réel, incontestable, et le fait qui distingue le plus profondément l’Angleterre du continent. Mais de ce que les divers principes, les divers éléments sociaux se sont développés là plus simultanément, ici plus successivement, il ne s’ensuit point qu’au fond la route et le but n’aient pas été les mêmes. Considérés dans leur ensemble, le continent et l’Angleterre ont parcouru les mêmes grandes phases de civilisation ; les événements y ont suivi le même cours ; les mêmes causes y ont amené les mêmes effets. Vous avez pu vous en convaincre dans le tableau que j’ai mis sous vos yeux de la civilisation jusqu’au seizième siècle ; vous le reconnaîtrez également en étudiant les dix-septième et dix-huitième siècles. Le développement du libre examen et celui de la monarchie pure, presque simultanés en Angleterre, se sont accomplis sur le continent à d’assez longs intervalles ; mais ils se sont accomplis ; et les deux puissances, après avoir successivement dominé avec éclat, en sont également venues aux mains. La marche générale des