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fermement qu’elle aurait continué sa carrière, et qu’après avoir demandé la réforme elle aurait demandé la liberté. La crise du seizième siècle n’était pas simplement réformatrice, elle était essentiellement révolutionnaire. Il était impossible de lui enlever ce caractère, ses mérites et ses vices ; elle en a eu tous les effets.

Jetons un coup-d’œil sur les destinées de la Réforme ; voyons ce qu’elle a fait surtout et avant tout dans les différents pays où elle s’est développée. Remarquez qu’elle s’est développée dans des situations très-diverses, au milieu de chances très-inégales ; si nous trouvons que, malgré la diversité des situations, malgré l’inégalité des chances, elle a partout poursuivi un certain but, obtenu un certain résultat, conservé un certain caractère, il sera évident que ce caractère qui aura surmonté toutes les diversités de situation, toutes les inégalités de chance, doit être le caractère fondamental de l’événement ; que ce résultat doit être celui qu’il poursuivait essentiellement.

Eh bien, partout où la révolution religieuse du seizième siècle a prévalu, si elle n’a pas opéré l’affranchissement complet de l’esprit humain, elle lui a procuré un nouveau et très-grand accroissement de liberté. Elle a laissé sans doute la pensée soumise à toutes les chances de liberté ou de servitude des institutions politiques ; mais elle a aboli ou désarmé le pouvoir spirituel, le gouvernement systématique et redoutable de la pensée. C’est là le résultat qu’a atteint la Réforme au milieu des combinaisons les plus diverses. En Allemagne, il n’y avait point de liberté politique ; la Réforme ne