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appelle communément la Réforme. Qu’il me soit permis de le dire en passant, je me servirai du mot réforme comme d’un mot simple et convenu, comme synonyme de révolution religieuse, et sans y attacher aucun jugement. Voyez d’avance, Messieurs, combien il est difficile de reconnaître le véritable caractère de cette grande crise, de dire d’une manière générale ce qu’elle a été et ce qu’elle a fait.

C’est entre le commencement du seizième et le milieu du dix-septième siècle qu’il le faut chercher, car c’est dans cette période que s’est renfermée pour ainsi dire la vie de l’événement, qu’il a pris naissance et fin. Tous les événements historiques, Messieurs, ont en quelque sorte une carrière déterminée ; leurs conséquences se prolongent à l’infini ; ils tiennent à tout le passé, à tout l’avenir, mais il n’en est pas moins vrai qu’ils ont une existence propre et limitée, qu’ils naissent, grandissent, remplissent de leur développement une certaine portion de la durée, puis décroissent et se retirent de la scène pour faire place à quelque événement nouveau.

Peu importe la date précise qu’on assigne à l’origine de la Réforme ; on peut prendre l’année 1520, où Luther brûla publiquement à Wittemberg la bulle de Léon X qui le condamnait, et se sépara ainsi officiellement de l’église romaine. C’est entre cette époque et le milieu du dix-septième siècle, l’année 1648, date de la conclusion du traité de Westphalie, qu’est renfermée la vie de la Réforme. En voici la preuve : Le premier et le plus grand effet de la révolution religieuse a été de créer en Europe deux classes d’États, les États catholiques et les États protestants,