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de la vie sociale se modifient, agissent et réagissent les uns sur les autres ; les relations des hommes entre eux sont beaucoup plus nombreuses, beaucoup plus compliquées ; il en est de même de leurs relations avec le gouvernement de l’État, de même des relations des États entre eux, de même des idées et de tous les travaux de l’esprit humain. Dans les temps que nous avons parcourus, un grand nombre de faits se passaient isolés, étrangers, sans influence réciproque. Aujourd’hui il n’y a plus d’isolement ; toutes choses se touchent, se croisent, s’altèrent en se touchant. Est-il rien de plus difficile que de saisir l’unité véritable dans une telle diversité, de déterminer la direction d’un mouvement si étendu et si complexe, de résumer cette prodigieuse quantité d’éléments divers et étroitement liés entre eux, d’assigner enfin le fait général, dominant, qui résume une longue série de faits, qui caractérise une époque, qui est l’expression fidèle de son influence, de son rôle dans l’histoire de la civilisation ?

Vous allez mesurer d’un coup d’œil l’étendue de cette difficulté dans le grand événement dont nous avons à nous occuper aujourd’hui

Nous avons rencontré, au douzième siècle, un événement religieux dans son origine s’il ne l’était pas dans sa nature, je veux dire les croisades. Malgré la grandeur de l’événement, malgré sa longue durée, malgré la variété des incidents qu’il a amenés, il nous a été assez facile de démêler son caractère général, de déterminer avec quelque précision son unité et son influence. Nous avons à considérer aujourd’hui la révolution religieuse du seizième siècle, celle qu’on