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commencement du seizième siècle. Si la réforme entreprise par les conciles avait été conduite à bien, peut-être la réforme populaire aurait-elle été prévenue. Mais l’une ou l’autre devait réussir, car leur coïncidence révèle une nécessité.

Voilà donc l’état dans lequel, quant aux croyances religieuses, le quinzième siècle a laissé l’Europe : une réforme aristocratique tentée sans succès, une réforme populaire commencée, étouffée, et toujours prête à reparaître. Mais ce n’était pas dans la sphère des croyances religieuses que se renfermait à cette époque la fermentation de l’esprit humain. C’est dans le cours du quatorzième siècle, vous le savez tous, que l’antiquité grecque et romaine a été, pour ainsi dire, restaurée en Europe. Vous savez avec quelle ardeur le Dante, Pétrarque, Boccace et tous les contemporains, recherchaient les manuscrits grecs, latins, les publiaient, les répandaient, et quelle fureur, quels transports excitait la moindre découverte en ce genre. C’est au milieu de ce mouvement qu’a commencé en Europe une école qui a joué, dans le développement de l’esprit humain, un bien plus grand rôle qu’on ne lui attribue ordinairement, l’école classique. Gardez-vous, Messieurs, d’attacher à ce mot le sens qu’on lui donne aujourd’hui ; il s’agissait alors de tout autre chose que d’un système et d’un débat littéraire. L’école classique de cette époque s’enflamma d’admiration non seulement pour les écrits des anciens, pour Virgile et pour Homère, mais pour la société ancienne tout entière, pour ses institutions, ses opinions, sa philosophie, comme pour sa littérature. L’antiquité était, il en faut convenir, sous