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la diète l’abandonne en 1448, en vertu d’une négociation avec Nicolas V. En 1516, François Ier l’abandonne également et y substitue son concordat avec Léon X. La réforme des princes ne réussit pas mieux que celle du clergé. Mais ne croyez pas qu’elle périsse tout-à-fait. De même que le concile avait fait des choses qui lui ont survécu, de même la Pragmatique Sanction a des effets qui lui survivent et joueront un grand rôle dans l’histoire moderne. Les principes du concile de Bâle étaient puissants et féconds. Des hommes supérieurs et d’un caractère énergique les avaient adoptés et soutenus. Jean de Paris, d’Ailly, Gerson et un grand nombre d’hommes distingués du quinzième siècle se vouent à leur défense. En vain le concile se dissout ; en vain la Pragmatique Sanction est abandonnée ; ses doctrines générales sur le gouvernement de l’Église, sur les réformes nécessaires à opérer, ont pris racine en France ; elles s’y sont perpétuées ; elles ont passé dans les parlements ; elles sont devenues une opinion puissante ; elles ont enfanté d’abord les Jansénistes, ensuite les Gallicans. Toute cette série de maximes et d’efforts tendant à réformer l’Église, qui commence au concile de Constance et aboutit aux quatre propositions de Bossuet, émane de la même source et va au même but ; c’est le même fait qui s’est successivement transformé. En vain la tentative de réforme légale du quinzième siècle a échoué, elle n’en a pas moins pris place dans le cours de la civilisation ; elle n’en a pas moins exercé indirectement une immense influence.

Les conciles avaient raison de poursuivre une réforme légale, car elle pouvait seule prévenir une ré-