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grands vassaux, de sujets en état de lutter personnellement contre la royauté. Les barons, les grands seigneurs anglais ont été obligés de très bonne heure de se coaliser pour résister en commun. Ainsi ont prévalu, dans la haute aristocratie, le principe de l’association et les mœurs vraiment politiques. De plus la féodalité anglaise, les possesseurs de petits fiefs ont été amenés, par une série d’événements dont je ne puis rendre compte aujourd’hui, à se réunir aux bourgeois, à siéger avec eux dans la chambre des communes, qui a ainsi possédé une force bien supérieure à celle des communes continentales, une force vraiment capable d’influer sur le gouvernement du pays. Voici quel était au quatorzième siècle l’état du parlement britannique : la chambre des lords était le grand conseil du roi, conseil effectivement associé à l’exercice du pouvoir. La chambre des communes, composée des députés des petits possesseurs de fiefs et des bourgeois, ne prenait presque aucune part au gouvernement proprement dit, mais elle établissait des droits, et défendait très énergiquement les intérêts privés et locaux. Le parlement, considéré dans son ensemble, ne gouvernait pas encore, mais il était déjà une institution régulière, un moyen de gouvernement adopté en principe, et souvent indispensable en fait. La tentative de rapprochement et d’alliance entre les divers éléments de la société pour en former un seul corps politique, un véritable État, avait donc réussi en Angleterre, tandis qu’elle avait échoué sur le reste du continent.

Je ne dirai qu’un mot de l’Allemagne, et uniquement