ce n’est pas ainsi qu’ils prendront vraiment part au gouvernement. Les bourgeois eux-mêmes n’y sont guère plus empressés ; ce n’est pas un droit qu’ils aient à cœur d’exercer, c’est une nécessité qu’ils subissent. Aussi, voyez quel est le caractère de l’activité politique de ces assemblées. Elles sont tantôt parfaitement insignifiantes, tantôt terribles. Si le roi est le plus fort, leur humilité, leur docilité, sont extrêmes ; si la situation de la couronne est déplorable, si elle a absolument besoin des États, alors ils tombent dans la faction, deviennent les instruments ou de quelque intrigue aristocratique, ou de quelques meneurs ambitieux. En un mot, ce sont tantôt de pures assemblées des Notables, tantôt de véritables Conventions. Aussi leurs œuvres meurent presque toujours avec elles ; elles promettent, elles tentent beaucoup et ne font rien. Aucune des grandes mesures qui ont vraiment agi sur la société en France, aucune réforme importante dans le gouvernement, la législation, l’administration n’est émanée des États-Généraux. Il ne faut pas croire cependant qu’ils aient été sans utilité, sans effet ; ils ont eu un effet moral dont on tient en général trop peu de compte ; ils ont été d’époque en époque une protestation contre la servitude politique, une proclamation violente de certains principes tutélaires, par exemple, que le pays a le droit de voter ses impôts, d’intervenir dans ses affaires, d’imposer une responsabilité aux agents du pouvoir. Si ces maximes n’ont jamais péri en France, les États-Généraux y ont puissamment contribué, et ce n’est pas un léger service à rendre à un peuple que de maintenir dans ses mœurs, de réchauffer
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