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disparaissent à peu près également : tout se confond. Au bout d’un certain temps, quand le régime féodal a prévalu, une quatrième royauté se présente, différente de toutes celles que nous avons vues jusqu’à présent, c’est la royauté féodale. Celle-ci est confuse, et très-difficile à définir. On a dit que le roi, dans le régime féodal, était le suzerain des suzerains, le seigneur des seigneurs ; qu’il tenait par des liens assurés, de degrés en degrés, à la société tout entière, et qu’en appelant autour de lui ses vassaux, puis les vassaux de ses vassaux, et ainsi de suite, il appelait tout le peuple et se montrait vraiment roi. Je ne nie point que ce ne soit là la théorie de la royauté féodale ; mais c’est une pure théorie, qui n’a jamais gouverné les faits. Cette influence générale du roi par la voie d’une organisation hiérarchique, ces liens qui unissent la royauté à la société féodale tout entière, ce sont là des rêves de publicistes. En fait, la plupart des seigneurs féodaux étaient à cette époque complètement indépendants de la royauté ; un grand nombre la connaissaient à peine de nom, et n’avaient que peu ou point de relations avec elle : toutes les souverainetés étaient locales, indépendantes. Le nom du roi, porté par l’un des Seigneurs féodaux, exprime moins un fait qu’un souvenir.

C’est dans cet état que la royauté se présente dans le cours du dixième et du onzième siècle. Au douzième, avec le règne de Louis-le-Gros, les choses commencent à changer de face ; on entend parler plus souvent du roi : son influence pénètre dans des lieux où naguères elle n’intervenait jamais ; son rôle est plus actif dans la société. Si l’on cherche à quel titre,