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être possesseur indépendant de cette souveraineté.

Ce principe posé, il n’en est pas moins certain que la royauté, dans quelque système qu’on la considère, se présente comme la personnification du souverain de droit. Ecoutez le système théocratique : il vous dira que les rois sont l’image de Dieu sur la terre, ce qui ne veut pas dire autre chose sinon qu’ils sont la personnification de la souveraine justice, vérité, bonté. Adressez-vous aux jurisconsultes : ils vous répondront que le roi, c’est la loi vivante ; ce qui veut dire encore que le roi est la personnification du souverain de droit, de la loi juste, qui a droit de gouverner la société. Interrogez la royauté elle-même dans le système de la monarchie pure : elle vous dira qu’elle est la personnification de l’État, de l’intérêt général. Dans quelque alliance, dans quelque situation que vous la considériez, vous la trouverez toujours se résumant dans la prétention de représenter, de reproduire ce souverain de droit, seul capable de gouverner légitimement la société.

Il n’y a pas lieu de s’en étonner. Quels sont les caractères du souverain de droit, les caractères qui dérivent de sa nature même ? D’abord, il est unique ; puisqu’il n’y a qu’une vérité, une justice, il ne peut y avoir qu’un souverain de droit. Il est de plus permanent, toujours le même : la vérité ne change point. Il est placé dans une situation supérieure, étrangère à toutes les vicissitudes, à toutes les chances de ce monde ; il n’est du monde en quelque sorte que comme spectateur et comme juge : c’est là son rôle. Eh bien ! Messieurs, ces caractères rationnels, naturels du souverain