ches de l’art d’écrire relèvent de gré ou de force, de loin ou de près, de la philosophie, et que l’histoire en est la vérification naturelle ; mais elle le sera sans devenir sentencieuse ni pédante. Ainsi que les draperies les moins transparentes des statues grecques accusent le nu, ainsi le récit, par sa savante ordonnance, laissera deviner la leçon morale et la mettra en action plutôt qu’en maxime.
Enfin notre histoire sera tour-à-tour analytique et synthétique.
Analytique, elle n’omettra aucun fait propre à instruire ou à intéresser ; elle introduira même avec habileté dans le tissu de la narration une foule de circonstances qui, minutieuses en apparence, révèlent, souvent mieux que les grands événements, les inconséquences, les singularités des mœurs et les mystères de l’âme. Synthétique, elle liera les faits grands et petits, en les subordonnant à la marche de la civilisation ; elle indiquera le centre où ils aboutissent, et proclamera la loi qui les régit ; car les phénomènes historiques, en maintenant la liberté morale, ne dépendent pas plus du hasard que ceux de la physique ou de l’astronomie, et l’humanité se développe en vertu de lois aussi infaillibles, quoique moins faciles à déterminer, que celles qui retiennent les planètes dans leurs orbites.
La civilisation, ce fanal au sein de la nuit des âges, ce signe de ralliement au milieu de la confusion des temps, est comme le chêne Ygg-Drasill, qui abrite la cité des dieux et ombrage le monde, dans la mythologie scandinave.
Quel vaste et magnifique spectacle ! On raconte