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naissante de la vie agricole, devinrent pour les villes une nouvelle cause de décadence. Les évêques eux-mêmes, quand ils furent entrés dans le cadre féodal, mirent à leur existence municipale moins d’importance. Enfin, quand la féodalité eut complètement triomphé, les villes, sans tomber dans la servitude des colons, se trouvèrent toutes sous la main d’un seigneur, enclavées dans quelque fief, et perdirent encore à ce titre quelque chose de l’indépendance qui leur était restée, même dans des temps plus barbares, dans les premiers siècles de l’invasion. En sorte que, du cinquième siècle jusqu’au moment de l’organisation complète de la féodalité, l’état des villes alla toujours en empirant.

Quand une fois la féodalité fut bien établie, quand chaque homme eut pris sa place, se fut fixé sur une terre, quand la vie errante eut cessé, au bout d’un certain temps, les villes recommencèrent à acquérir quelque importance ; il s’y déploya de nouveau quelque activité. Il en est, vous le savez, de l’activité humaine comme de la fécondité de la terre ; dès que le bouleversement cesse, elle reparaît, elle fait tout germer et fleurir. Qu’il y ait la moindre lueur d’ordre et de paix, l’homme reprend à l’espérance, et avec l’espérance au travail. C’est ce qui arriva dans les villes ; dès que le régime féodal se fut un peu assis, il se forma parmi les possesseurs de fiefs de nouveaux besoins, un certain goût de progrès, d’amélioration ; pour y satisfaire, un peu de commerce et d’industrie reparut dans les villes de leurs domaines ; la richesse, la population, y revenaient, lentement, il est vrai, cependant elles y revenaient.