Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur tous les points, l’arme défensive de l’Église contre la barbarie.

Un second fait important appartient à la même époque : c’est le développement de l’ordre monastique en Occident. Ce fut, comme on sait, au commencement du sixième siècle que saint Benoît donna sa règle aux moines d’Occident, encore peu nombreux, et qui se sont dès-lors prodigieusement étendus. Les moines à cette époque, n’étaient pas encore membres du clergé, on les regardait encore comme des laïques. On allait bien chercher parmi eux des prêtres, des évêques même ; mais c’est seulement à la fin du cinquième siècle et au commencement du sixième que les moines en général ont été considérés comme faisant partie du clergé proprement dit. On a vu alors des prêtres et des évêques se faire moines, croyant faire un nouveau progrès dans la vie religieuse. Aussi l’ordre monastique prit-il tout-à-coup en Europe un extrême développement. Les moines frappaient davantage l’imagination des Barbares que le clergé séculier ; leur nombre imposait, ainsi que la singularité de leur vie. Le clergé séculier, l’évêque, le simple prêtre étaient un peu usés pour l’imagination des Barbares accoutumés à les voir, à les maltraiter, à les piller. C’était une plus grande affaire de s’attaquer à un monastère, à tant de saints hommes réunis dans un saint lieu. Les monastères ont été, pendant l’époque barbare, un lieu d’asile pour l’Église, comme l’Église était un lieu d’asile pour les laïques. Les hommes pieux s’y sont réfugiés, comme, en Orient, ils s’étaient réfugiés dans la Thébaïde, pour échapper à la vie mondaine et à la corruption de Constantinople.