agissait, je crois, davantage et d’une manière plus efficace pour l’amélioration de l’état social. Nul doute qu’elle ne luttât obstinément contre les grands vices de l’état social, par exemple contre l’esclavage. On a beaucoup répété que l’abolition de l’esclavage dans le monde moderne était due complètement au christianisme. Je crois que c’est trop dire : l’esclavage a subsisté longtemps au sein de la société chrétienne, sans qu’elle s’en soit beaucoup étonnée, beaucoup irritée. Il a fallu une multitude de causes, un grand développement d’autres idées de civilisation pour abolir ce mal des maux, cette iniquité des iniquités. Cependant, on ne peut douter que l’Église n’employât son influence à la restreindre. Il y en a une preuve irrécusable : la plupart des formules d’affranchissement, à diverses époques, se fondent sur un motif religieux ; c’est au nom des idées religieuses, des espérances de l’avenir, de l’égalité religieuse des hommes, que l’affranchissement est presque toujours prononcé.
L’Église travaillait également à la suppression d’une foule de pratiques barbares, à l’amélioration de la législation criminelle et civile. Vous savez à quel point, malgré quelques principes de liberté, elle était alors absurde et funeste ; vous savez que de folles épreuves, le combat judiciaire, le simple serment de quelques hommes, étaient considérés comme les seuls moyens d’arriver à la découverte de la vérité. L’Église s’efforçait d’y substituer des moyens plus rationnels, plus légitimes. J’ai déjà parlé de la différence qu’on remarque entre les lois des Visigoths, issues en grande partie des conciles de Tolède, et les autres lois barbares. Il est impossible de les comparer