Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

admise, et ses limites déterminées, comme je viens d’essayer de le faire, cherchons comment l’Église chrétienne gouvernait, de quelle manière elle agissait sur les peuples soumis à son empire. Que faisait-elle, d’une part, pour le développement de l’homme, le progrès intérieur de l’individu ; de l’autre, pour l’amélioration de l’état social ?

Quant au développement de l’individu, je ne crois pas, à vrai dire, qu’à l’époque qui nous occupe, l’Église s’en inquiétât beaucoup : elle tâchait d’inspirer aux puissants du monde des sentiments plus doux, plus de justice dans leurs relations avec les faibles ; elle entretenait, dans les faibles, la vie morale, des sentiments, des espérances d’un ordre plus élevé que ceux auxquels les condamnait leur destinée de tous les jours. Je ne crois pas cependant que, pour le développement individuel proprement dit, pour mettre en valeur la nature personnelle des hommes, l’Église fît beaucoup à cette époque, du moins pour les laïques. Ce qu’elle faisait se renfermait dans le sein de la société ecclésiastique ; elle s’inquiétait fort du développement du clergé, de l’instruction des prêtres ; elle avait pour eux des écoles et toutes les institutions que permettait le déplorable état de la société. Mais c’étaient des écoles ecclésiastiques, destinées à l’instruction du seul clergé ; hors de là l’Église agissait indirectement et par des voies fort lentes, pour le progrès des idées et des mœurs. Sans doute elle provoquait l’activité générale des esprits par la carrière qu’elle ouvrait à tous ceux qu’elle jugeait capables de la servir ; mais c’était là à peu près tout ce qu’elle faisait, à cette époque, pour le développement intellectuel des laïques.

Elle