Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

en déterminant les volontés libres, en agissant par des moyens purement intellectuels, le gouvernement, au lieu de se réduire, s’étend, s’élève ; c’est alors qu’il accomplit le plus de choses, et de grandes choses. C’est, au contraire, lorsqu’il est obligé d’employer sans cesse la coaction qu’il se resserre, se rapetisse, et fait très peu, et fait mal ce qu’il fait.

L’essence du gouvernement ne réside donc nullement dans la coaction, dans l’emploi de la force ; ce qui le constitue avant tout, c’est un système de moyens et de pouvoirs, conçu dans le dessein d’arriver à la découverte de ce qu’il convient de faire dans chaque occasion, à la découverte de la vérité qui a droit de gouverner la société, pour la faire entrer ensuite dans les esprits, et la faire adopter volontairement, librement. La nécessité et la présence d’un gouvernement sont donc très concevables, quand même il n’y aurait lieu à aucune coaction, quand elle y serait absolument interdite.

Eh bien, Messieurs, tel est le gouvernement de la société religieuse ; sans doute la coaction lui est interdite ; sans doute, par cela seul qu’il a pour unique territoire la conscience humaine, l’emploi de la force y est illégitime, quel qu’en soit le but : mais il n’en subsiste pas moins ; il n’en a pas moins à accomplir tous les actes qui viennent de passer sous vos yeux. Il faut qu’il cherche quelles sont les doctrines religieuses qui résolvent les problèmes de la destinée humaine ; ou, s’il y a déjà un système général de croyances dans lequel ces problèmes soient résolus, il faut que, dans chaque cas particulier, il découvre et mette en lumière les conséquences du système ;