Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

du pouvoir temporel d’une part, et les peuples de l’autre, servant de lien entre eux et agissant sur tous.

Pour connaître et comprendre complètement son action, il faut donc la considérer sous trois aspects ; il faut la voir d’abord en elle-même, se rendre compte de ce qu’elle était de sa constitution intérieure, des principes qui y dominaient, de sa nature ; il faut ensuite l’examiner dans ses rapports avec les souverains temporels, rois, seigneurs ou autres ; enfin, dans ses rapports avec les peuples. Et lorsque de ce triple examen, nous aurons déduit un tableau complet de l’Église, de ses principes, de sa situation, de l’influence qu’elle a dû exercer, nous vérifierons nos assertions par l’histoire ; nous rechercherons si les faits, les événements proprement dits, du cinquième au douzième siècle, sont d’accord avec les résultats que nous aura livrés l’étude de la nature de l’Église, et de ses rapports, soit avec les maîtres du monde, soit avec les peuples.

Occupons-nous d’abord de l’Église en elle-même, de son état intérieur, de sa nature.

Le premier fait qui frappe, et le plus important peut-être, c’est son existence même, l’existence d’un gouvernement de la religion, d’un clergé, d’une corporation ecclésiastique, d’un sacerdoce, d’une religion à l’état sacerdotal.

Pour beaucoup d’hommes éclairés, ces mots seuls, corps de prêtres, sacerdoce, gouvernement de la religion, paraissent juger la question. Ils pensent qu’une religion qui a abouti à un corps de prêtres, à un clergé légalement constitué, une religion gouvernée