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germaine et slave au nord. C’est là le caractère militaire du règne de Charlemagne ; ses expéditions contre les Saxons, je l’ai déjà dit, n’ont pas une autre cause, un autre dessein.

Des guerres, si vous passez à son gouvernement intérieur, vous y reconnaîtrez un fait de même nature, la tentative d’introduire de l’ordre, de l’unité dans l’administration de tous les pays qu’il possède. Je ne voudrais pas me servir du mot Royaume, ni du mot État ; expressions trop régulières et qui réveillent des idées peu en accord avec la société à laquelle présidait Charlemagne. Ce qui est certain, c’est que, maître d’un immense territoire, il s’indignait d’y voir toutes choses incohérentes, anarchiques, grossières, et voulait changer ce hideux état. Il y travaillait d’abord par ses missi dominici qu’il envoyait dans les diverses parties du territoire pour observer les faits et les réformer, ou lui en rendre compte ; ensuite par les assemblées générales qu’il tenait avec beaucoup plus de régularité que ses prédécesseurs ; assemblées où il faisait venir presque tous les hommes considérables du territoire. Ce n’étaient pas des assemblées de liberté, il n’y avait rien qui ressemblât à la délibération que nous connaissons. C’était pour Charlemagne une manière d’être bien informé des faits, et de porter quelque règle, quelque unité dans ces populations désordonnées.

Sous quelque point de vue que vous considériez le règne de Charlemagne, vous y trouverez toujours le même caractère, la lutte contre l’état barbare, l’esprit de civilisation ; c’est là ce qui éclate dans son empressement à instituer des écoles, son goût pour