Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PRODUCTION, PRODUIRE. Produire c’est communiquer à un objet une utilité d’où il résulte une valeur. L’utilité de la chose fait naître chez les hommes le désir de l’obtenir, d’où la demande, d’où la valeur. La production est un problème dont la solution consiste à trouver le moyen de créer un produit qui vaille ses frais de production, en y comprenant, comme de raison, le travail de l’entrepreneur, lequel est une avance pareille à celle des autres frais. Une fois cette condition remplie, toute production est un avantage assuré à la société -, son capital est conservé ; tous les services productifs sont acquittés, et la société est en état de satisfaire une plus grande quantité de besoins.

Tout ce qui se produit se consomme, car un produit n’est un produit que par sa valeur, sa valeur ne lui vient que de la demande qu’on en fait, et les choses ne sont demandées qu’en vertu de l’usage qu’on veut en faire[1].

PRODUIT. Pour qu’un objet mérite le nom de produit, il faut que l’utilité qui est en lui soit le résultat de l’industrie, autrement ce serait une richesse naturelle dont tout homme userait sans être obligé de la payer ; mais une nation est d’autant plus riche qu’elle acquiert les produits a meilleur marché. Elle obtient alors plus de jouissances à moins de frais. Elle serait infiniment riche si elle les obtenait toutes pour rien. Jusque là il vaut mieux les payer que de n’en pas jouir.

Un produit, du moment qu’il est prêt pour la vente, est une marchandise, et, s’il est prêt pour la consommation, c’est une denrée.

PRODUIT IMMATÉRIEL. C’est toute espèce d’utilité qui a une valeur échangeable, mais qui, n’étant attachée à aucun objet visible, doit être consommée en. même temps qu’elle est produite, comme sont tous les services personnels rendus

  1. Ce principe résout la dispute de ceux qui prétendent qu’on peut trop produire, et de ceux qui soutiennent qu’on ne saurait trop produire. On peut trop produire des choses qui ne méritent pas le nom de produits : on ne saurait trop produire de celles qui en méritent le nom ; c’est-à-dire qui ont une valeur égale à leurs frais de production ; car cette valeur même indique qu’on a besoin de les consommer.