Page:Guizot - Encyclopédie progressive.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Angleterre, se rejoignant, après une longue scission, se sont trouvées avoir suivi une marche parallèle.

En Angleterre, Malthus n’avait pas introduit une théorie nouvelle en publiant son Essai sur le principe de la population, car tous les économistes avaient déjà remarqué qu’elle s’élève constamment au niveau de la production ; mais il avait montré toutes les conséquences de ce principe, et surtout la folie aussi bien que le danger d’accroître la population par des moyens factices. Chastellux, dans son livre de la Félicité publique, était arrivé aux mêmes résultats ; mais l’ouvrage de Malthus avait quelque chose de plus positif, et il abonde en vues d’utilité pratique. Cependant il ne traite qu’une seule des questions relatives à l’économie sociale.

En France, à peu près dans le même temps, on publiait un livre qui les embrassait toutes. Cet ouvrage, dont il ne me serait pas permis de parler, si je pouvais, m’en dispenser dans un précis historique sur ce sujet, a contribué peut-être à donner aux études économiques une direction plus méthodique et plus sûre que celle qui avait été suivie jusqu’alors ; on avait traité des questions éparses ; on n’avait point encore de Traité d’économie politique[1]. Un arrangement méthodique des matières a permis d’en saisir l’ensemble, de discerner l’appui qu’elles se prêtent mutuellement, et d’apprécier le degré de leur importance. On a pu dès lors porter un jugement éclairé des opérations de l’autorité publique et savoir ce que coûtent les grandes expériences dont les peuples font toujours les frais. Les questions plus nettement posées ont provoqué des solutions plus précises. Les écrits sur l’économie politique se sont multipliés. On

  1. L’ouvrage de Steuart n’est qu’un traité de la balance du commerce ; il est plutôt politique qu’économique, et il s’est écroulé avec les erreurs sur desquelles il était fondé.