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gent pour s’en procurer. Il fallut trouver les moyens de l’attirer. Les républiques d’Italie étaient sorties des débris de l’empire romain, et l’industrie y avait fleuri sous l’influence de la liberté. Les lettres y étaient en honneur ; toutes les sciences y furent essayées, et ce fut alors seulement que l’on chercha méthodiquement les fondemens de la prospérité des états, ailleurs que dans la conquête. Antonio Serra, qui écrivait en 1613, signala le pouvoir productif de l’industrie ; mais lui-même et les auteurs Italiens qui vinrent après lui, ne virent la richesse d’un état que dans l’abondance de l’or et de l’argent, et ils ne regardèrent l’agriculture, les arts et le commerce que comme des moyens d’en attirer dans leur pays. Ils sont les vrais auteurs du système de la balance du commerce, qui se fonde sur cette conclusion, qu’un état qui exporte des marchandises pour une valeur supérieure a ses importations, est nécessairement créancier d’un solde qui ne peut être acquitté qu’en argent.

Ce système fut adopté par tous les publicistes de l’Europe, soit écrivains, soit hommes d’état ; il dirigea la politique de tous les cabinets, qui ne songèrent plus qu’à exclure, par force ou par adresse, des marchés de l’intérieur, les produits de l’étranger, et à lui faire acheter les leurs[1]. Une conséquence du même système fut de soumettre à des entraves l’exportation des matières premières, afin d’attendre que la main-d’œuvre, en augmen-

  1. On se rappelle que la nature des choses mieux connue a montré depuis que les achats que nous faisons à l’étranger ne peuvent être acquittés que par les produits de notre sol et de notre industrie ; que les métaux précieux ne voyagent pas pour payer des soldes de compte, mais seulement pour se rendre aux lieux où ils ont le plus de valeur ; que les profits que nous obtenons dans notre commerce avec l’étranger, se manifestent par l’excédant de la valeur importée sur la valeur exportée ; et que, sous quelques formes qu’aient lieu les importations, pourvu que la valeur y soit, nos profits sont également réels et nos capitaux aussi réellement rétablis.